Le 30 juin dernier, les yeux de la communauté scientifique internationale
étaient rivés sur le cosmodrome de Plesetsk, dans le nord de la Russie,
à l'occasion du lancement de MOST, le tout nouveau microsatellite de l'Agence spatiale
canadienne (ASC).
L'envolée du satellite MOST (pour Microvariabilité et oscillations stellaires)
marquait ainsi une étape déterminante de l'ambitieux projet auquel participe
Steve Torchinsky, scientifique du programme d'astronomie spatiale à l'Agence spatiale
canadienne.
« MOST a d'abord et avant tout été conçu pour mesurer le
changement de luminosité des étoiles », d'indiquer M. Torchinsky. Comment
le satellite de la taille d'une valise y parviendra-t-il? À l'aide de
l'ingénieux télescope dont il est muni. En effet, le concept optique
utilisé par l'instrument permet d'optimiser la diffusion sur un plus grand nombre de
détecteurs; MOST est donc capable de détecter les plus infimes variations de
luminosité.
La puissance de l'instrument est telle que pour un humain placé à une distance
d'un kilomètre d'un lampadaire, cela équivaudrait à distinguer une
augmentation de luminosité après s'être approché de seulement un
demi-millimètre de la source lumineuse!
MOST à l'oeuvre
Les étonnantes capacités de MOST seront donc mises à profit pour mesurer
les vibrations, ou oscillations, des étoiles. « Le Soleil, une étoile que
nous connaissons bien, ne brille pas toujours de la même façon, d'expliquer M.
Torchinsky. Des changements de luminosité se produisent de façon
régulière. En fait, c'est comme une cloche qui sonne et qui émet alors
des vibrations acoustiques. Plus la cloche est grande, et plus basse sera sa tonalité.
De la même manière, plus l'étoile sera grande et plus sa vibration sera
longue. MOST permet ainsi d'étudier les vibrations fondamentales des étoiles et
leurs harmoniques, c'est-à-dire leurs différentes fréquences, et de les
comparer à celles du Soleil. »
L'étude de la sismologie des étoiles nous procure ainsi des données -
telles que la densité de l'étoile et la pression de ses couches en surface -
que nous pouvons combiner à la température et à la masse de
l'étoile afin d'en déterminer l'âge.
« Avec MOST, nous connaîtrons enfin la composition dynamique des étoiles,
de mentionner M. Torchinsky. En plus de savoir ce qui se trouve en surface, nous pourrons
aussi découvrir ce qui se cache à l'intérieur et comprendre la nature
profonde des étoiles. »
Sur la piste de nouvelles planètes
En 1995, les astronomes ont découvert l'existence d'une planète orbitant autour
d'une étoile autre que le Soleil. Aujourd'hui, on croit que la galaxie pourrait
contenir des milliards de ces planètes extrasolaires, mais à ce jour, on a
réussi à n'en apercevoir qu'une centaine de façon indirecte en observant
leur effet gravitationnel sur les étoiles voisines. Toutefois, grâce à la
sensibilité de MOST, il sera désormais possible de détecter directement
la lumière réfléchie par une planète extrasolaire.
« MOST voit la lumière réfléchie sur les planètes et note
les infimes variations de luminosité, de noter M. Torchinsky. Il s'agit d'un
système différent d'observation qui nous procurera des données
auxquelles nous n'avons jamais eu accès, car aucun autre télescope, même
Hubble, n'est doté de la capacité de recueillir ce type d'information. »
Un emploi du temps très chargé
MOST vient tout juste d'être lancé, et pourtant, il a déjà
énormément de pain sur la planche. Son calendrier pour les deux prochaines
années est d'ailleurs fort rempli. « L'utilisation de MOST est planifiée
pour les deux années à venir, d'indiquer M. Torchinsky. Les activités
du satellite sont déterminées en fonction des priorités scientifiques
et de la visibilité des étoiles. Ainsi, nous nous attarderons d'abord aux
étoiles qui ressemblent au Soleil et à certaines planètes extrasolaires.
»
À partir de la troisième année d'exploitation, MOST, dont la
durée de vie prévue est de deux ans, mais que l'on croit être en mesure
de fonctionner de façon optimale sur un horizon de cinq ans, pourrait être mis
au service de divers groupes de scientifiques outre l'équipe de recherche originelle.
« Le satellite pourrait même servir à des fins éducatives en
permettant par exemple à des écoles de proposer des expériences qui
feraient appel aux capacités uniques de MOST, de souligner M. Torchinsky. Il y a
tellement de choses à étudier! »
Pour l'avancement de la science
Au bout du compte, c'est toute la communauté internationale qui pourra
bénéficier des précieuses données acquises par MOST. «
Évidemment, comme le veut l'usage, l'équipe scientifique à la base du
projet aura le premier droit de regard sur les résultats, mais ceux-ci seront
publiés dans les revues scientifiques au fur et à mesure de leur acquisition,
d'affirmer M. Torchinsky. Les données seront donc rendues publiques à
l'échelle internationale et s'ajouteront à la somme des connaissances de
l'humanité. »
L'expérience MOST servira également de pierre angulaire à une
série d'expériences futures de même nature, dont le projet COROT de
l'Agence spatiale européenne. On s'attend donc à ce que MOST demeure le point
de mire non seulement pour cette raison, mais également parce son système de
contrôle d'attitude, une innovation technologique majeure, suscite un vif
intérêt.
« Ce système est exceptionnel!, de déclarer M. Torchinsky. Il est
miniaturisé à son maximum et son pointage demeure pourtant très fiable.
Il n'en existe de semblable nulle part ailleurs, et si on prouve que la technologie
fonctionne, c'est certain que le carnet de commandes se remplira très rapidement.
»
Malgré son enthousiasme pour de tels progrès technologiques, M. Torchinsky est
d'avis qu'il faut d'abord s'attarder à la vocation première du projet :
« Pour moi, ce qui est important, c'est le côté scientifique. Nous faisons
des expériences pour enrichir nos connaissances fondamentales. Cela doit constituer le
but et guider nos choix de sujets d'étude. La technologie suivra ensuite. »
Une chose est certaine, avec son immense potentiel, MOST n'a pas fini de faire jaser!
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